12/19/09

Secrets de Mbour.


Bonjour !

Ça va ?

Mon nom, c’est Abi. Mais on m’appelle Pénélope, comme Pénélope Cruise.

Je suis née dans un petit village de brousse, dans le Fouta. Je suis Toucouleur.

A 19 ans, je suis partie de la concession familiale. Je suis descendue à Dakar, puis à Mbour. A Mbour, une cousine m’a trouvé du travail. J’étais Fatou dans un petit hôtel, à Warang. Je travaillais dur ! Vaisselle, lessives, repassage, ménage ; et le soir, je dansais pour les touristes.


Je dormais avec les autres employées dans une petite case qu’on nous louait 200.000 CFA par mois. Ce que je préférais, c’était le soir, après avoir dansé la danse du ventilateur pour les toubabs, je pouvais rester et m’asseoir aux tables pour parler et rire avec les touristes. On m’offrait un verre de Bissap ou un Coca. Tous les blancs étaient gentils avec moi ! On rigolait bien, surtout avec les hommes. Un soir, André, un Français de Bretagne, m’a caressé la joue. Il me draguait sévère ! Mais il était si gentil, si rigolo que je suis restée très tard à me promener le long de l’eau avec lui. Il m’a prit la main. J’étais bien. Il était un peu vieux mais, au village, parfois, les jeunes filles doivent épouser des hommes âgés aussi ! Alors, je me suis dit qu’André, je pourrais l’épouser s’il me le demandait. Je pourrais peut-être aller en France ! Avoir de l’argent, de jolies robes de Paris, des bijoux, une fatou…


J’ai fait l’amour avec André, dans son bungalow. Il a été très doux, très gentil. Il m’a donné 20.000 cfa. Le lendemain, André m’a présenté Luc, son copain pêcheur. Luc était très gentil, très rigolo aussi. Il était plus jeune qu’André ; il avait plus de cheveux aussi. Le soir, après mon service, j’ai accepté de boire un Fanta avec Luc. André était parti à Saint Louis. Luc m’a présenté un de ses amis Sénégalais, Amadou. Un Woloff d’Mbour. On a beaucoup parlé et puis ils m’ont fait goûter du champagne. J’en rêvais depuis que j’étais toute petite ! J’avais envie mais je n’osais pas. Je suis Musulmane.

Après deux coupes de champagne, je ne sais plus très bien ce qui s’est passé. Je me suis retrouvée dans la voiture d’Amadou. A l’arrière. Il m’avait relevé mon boubou, pénétrée avec son sexe. Je pleurais beaucoup mais je n’arrivais pas à crier, à bouger, à m’enfuir. Le champagne, c’est très méchant !


Amadou est allé voir le patron de l’hôtel le matin. Ils ont discuté. J’ai vu qu’Amadou donnait des billets de cfa. Vers 10 heures, Amadou m’a dit qu’il avait arrangé une combine qui me ferait gagner beaucoup d’argent. Que je ne travaillerais plus comme fatou. Qu’il allait faire mon bonheur.


Luc est arrivé avec son gros 4X4 et on a pris la route de Saly. Ils m’ont invité à l’Espadon. Avant ça, j’ai pu aller dans les boutiques pour m’habiller. C’est Amadou qui a tout payé. J’ai eu des bijoux, des parfums. Que c’est beau l’Espadon ! J’ai mangé de la langouste avec des couverts et même des pinces. C'etait difficile mais on a bien rigolé. J’ai encore pu boire du champagne. Une coupe parce que j’avais peur…

Après le repas, on est allé boire un verre au New Roll’s. Il y avait un orchestre qui jouait dans le jardin. Quelques gazelles au bar et beaucoup d’hommes blancs. Seuls. J’ai bu un Martini blanc.


Après ça, Luc est parti avec une Sérène qui s’appelait Ana. Je ne l’ai plus jamais revu. André non plus d’ailleurs. Amadou a rigolé au bar avec trois toubabs. Il m’a présenté comme sa petite nièce. Les toubabs m’ont offert à boire. Les autres filles au bar me faisaient la gueule.On a bien rigolé et je me suis dit que je pouvais être gentille avec eux et peut-être qu’ils me donneraient 20.000 cfa.


Je suis repartie dans la nuit avec Cyril. Les deux autres toubabs ont dragué d’autres filles au bar et sont allé dans une résidence à Ngaparou. Avec Cyril, on n’a pas fait l’amour. Je l’ai caressé ; je l’ai fait jouir et puis il s’est endormi. Au matin, il m’a donné 50.000 cfa et m’a payé un taxi pour que je rentre chez moi. Je suis allé dans un télécentre. J’ai téléphoné à Amadou parce que je ne savais pas où aller. Il est arrivé avec une Peugeot et m’a conduit dans une maison où il y avait 6 chambres, toutes louées pour des filles. Il m’a pris mes cfa en me disant que c’était pour payer le loyer. Que si j’allais encore ce soir au New Rolls, j’aurais de l’argent rien que pour moi…

Et voilà comment tout a commencé.


Aujourd’hui, j’ai envoyé deux millions à mes parents dans le Fouta. Je suis à Mbour. J’attends un mari pour ce soir, pour demain. Un jour peut-être, j’aurai un vrai mari toubab qui m’emmènera en France.


Khou mara naan takha naan potit sou robinet oube gua rouss walla?

~Niebe~